Pour expliquer mon envie de devenir doula, je vais vous faire part de mon expérience. Voici mon témoignage publié sur le BOOB.
1er juillet, 15h30.
Aujourd’hui, on va voir notre fille pour la dernière fois avant le jour J. Les échos c’est toujours un peu magique, plein d’émotion et j’ai hâte d’y être. La gynécologue nous fait entrer dans son cabinet avec un grand sourire. Je n’ai pas été suivie par elle pour ma grossesse, tout simplement parce que j’ai décidé d’accoucher à la maison. J’ai donc opté pour un accompagnement global avec deux sages-femmes libérales. Je ne suis pas inscrite à l’hôpital, la gynéco n’a donc aucun dossier sur moi et elle me pose de nombreuses questions. En règle générale j’évite de dire que je souhaite accoucher à domicile car je sais que c’est souvent mal accepté par le corps médical. Mais là je me vois obligée de le faire, pour expliquer pourquoi elle n’a pas de dossier.
A partir de ce moment-là, son attitude change complètement. Elle ne sourit plus, son regard est très froid. Elle me regarde avec le plus grand des mépris. Je m’attends à un affrontement., je l’espère presque; si elle est en désaccord avec mon désir, si elle le juge dangereux pour mon bébé ou pour moi, elle va me mettre en garde, elle DOIT me mettre en garde, c’est son travail après tout. Mais elle n’en fait rien, elle n’essaie pas de me faire changer d’avis, je comprends alors que ma santé où celle du bébé lui importent peu. Ce qui compte c’est que je viens de blesser son égo de médecin. Elle est vexée que j’ose imaginer pouvoir me passer de son incroyable science. A partir de là, nous n’échangerons pratiquement plus aucun mot.
Elle me fait passer dans la salle d’échographie et m’ordonne de retirer mon pantalon et ma culotte. Je suis un peu surprise et devant mon hésitation elle me dit très sèchement qu’avec elle c’est comme ça. J’ai juste à obtempérer et me taire. Je m’installe sur la table, très mal à l’aise, et là, la torture commence. C’était censé être un moment fantastique, mais elle en a décidé autrement. Avec la sonde, elle martèle mon ventre, je reçois chaque coup comme une humiliation. Ca fait mal. Je suis tétanisée. Pourquoi cette violence ? Qu’ai-je donc fait de mal ? J’essaie de me concentrer sur l’écran pour supporter la douleur. Je regarde ma fille et je lui parle en silence, je la rassure alors que moi-même je ne comprends pas ce qui se passe. Ensuite la gynéconne passe sa sonde vers mon bas-ventre. Elle appuie, très fort. La tête de mon bébé est là, juste derrière, mais elle continue de me labourer le ventre, et je n’arrive toujours pas à dire quoi que se soit. Je la fixe, les yeux écarquillés, mais rien ne sort. Je reste bouche bée, tellement choquée par ce que je suis en train de vivre.
Elle finit par faire une échographie endo-vaginale, sans aucune explication, et moi je n’en demande pas. Je n’ai qu’une hâte c’est de partir de là, donc je la laisse faire et me ferme complètement à ce qui m’entoure.
2 juillet, 1h : Je contracte toutes les 4 minutes, je perds du sang…
3 juillet, 3h23 : J’accouche de ma petite fille avec deux mois d’avance…
Coïncidence malheureuse ? Conséquence directe de cette échographie ? Je ne le saurai jamais avec certitude. Ce dont je suis persuadée en revanche c’est que la violence psychologique avec laquelle j'ai subi cet acte a gâché les derniers instants de ma grossesse et n’est sûrement pas tout à fait étrangère à mon accouchement prématuré.
Cette expérience a beaucoup contribué à mon envie d'aider à mon tour des couples à faire respecter leurs besoins et leurs envies pendant la grossesse et l'accouchement.
Pour ma fille ainsi que pour les futures mamans que j'accompagnerai en tant que doula, je me devais de demander réparation pour tout cela. J'ai donc prévenu le Conseil de l'Ordre des Médecins (la gynécologue a eu à justifier de ces actes devant lui) et le 21 mai, j'ai rendez-vous à l'hôpital car j'ai demandé la convocation de la CRUQ (Commission chargée des Relations avec les Usagers), j'aurai donc une entrevue avec le directeur de a CRUQ, une avocate ainsi qu'un médecin médiateur.
J'espère qu'on finira par faire entendre à cette "gynéconne" que ses convictions personnelles n'ont pas à interférer avec son travail, et surtout pas de manière si violente.
suite au prochain numéro...